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Mon bel oranger ...

 

C’est l’histoire d’un arbre.

Un oranger venu de loin, d’un pays du soleil, Maghreb oblige.

Un oranger éclatant de promesses. Des fruits gonflés d’incertaines ivresses

A murmurer dans la tiédeur de la nuit.

L’oranger des espoirs de mon adolescence. Mon père me l’avait offert pour mes 15 ou 16 ans, saluant par là-même mes premiers choix. Où les rêves d’enfant ne se mêlent plus trop au monde des adultes, pour le meilleur comme pour le pire !

En ces temps-là, mon père et moi formions à nous deux mon unique famille, ma mère nous ayant quittés depuis longtemps, mes frère et sœur jumeaux avaient emboité le pas.

- Et le petit dernier ?

- Lui ? Il avait été dès son plus jeune âge chez une nourrice de lait issue de la famille de ma mère.


Si ces lignes se sont dressées sur la page vierge de mon cahier à spirales, c’est à la suite d’une scène qui m’a été donnée il y a à peine quelques heures.

 

Puis mon père s’en est allé aussi. Dans l’enfer de la torpeur, il a décidé un bon matin d’allier le rose à l’ombre de sa nuit.

De la ville, je suis revenue sur les terres de mes 15 ans …

 

- Qu’a-t-on fait à mon oranger ?

Où est-il ? 

Il était là il y a quelques mois à peine ...

- On a dû le couper, les racines pourrissaient à la suite des orages répétés. On t’en rachètera un autre …


Mon cœur emballé commençait déjà à étreindre ma poitrine comme si un nœud m’enserrait dans un dernier élan de vie. 

Et le nœud grandit jusqu’à l’étouffement. 

Je n’étais plus de première jeunesse, je dus m’asseoir et presque me coucher dans l’empreinte de celui qui figurait mes premières amours. 

Et je l’ai vu, 

des yeux de mon cœur embruni de larmes. 

Je l’ai vu croître et embellir au soleil de ma jeunesse. 

Ses branchages

- narguaient le fond de mes pensées. 

Ses fruits enluminaient les tréfonds de mon âme, les plus sombres.

Aujourd’hui, j’abrite toujours les racines de mon bel oranger. De noir vêtues mais bien vivantes, elles paradent encore le temps d’un livre ou d’un refrain. Celui du souvenir d’une vie d’antan.

Soit courageuse, et persiste. Ne t’avise nullement d’annuler tes rendez-vous au détriment de situations mal avisées. 

- Qui es-tu ?

- Je suis une partie de toi comme tu es une partie de moi, enfin un peu plus peut-être. 

J'ai navigué sur des océans de feu durant des millions, des milliards d'années. Puis je me suis rébougri en une énergie dite élevée, une conscience. 

Je suis en toi en ce moment précis et sans doute en d'autres aussi. 

Sois mon âme, je serai la tienne


Je me souviens moi-aussi de l’arbre cher à ton cœur et à tes pensées. Ce fut ma première joie, le matin où je fus planté en ta compagnie près des oliviers face à ta maison.

A l’époque, les logis ne faisaient qu’un avec la terre. De paille tressée, de mortier fait de terre et de cailloux des rivières, ils défiaient les lois de la Terre-mère, ses débordements comme le vent ou la canicule. Ceux-là même qui évinçaient l’eau du lit des cours d'eau !

Je me souviens aussi de ta famille, de ton père surtout. Il avait été abbé dans une prime jeunesse et aussi tuteur de mes propres enfants. Il avait beaucoup bourlingué à travers le monde.

De riche, il était passé à pauvre ; de démuni, il est devenu riche, en quelques vies. 


Tu as bien fait de t’allonger sur le sol de ta terre d’alors car elle fut le berceau de nombreuses de tes réalités. Tunisie, mon amour, tu devrais dire ! 

Il en fut de même pour beaucoup d’autres contrées voisines ou plus lointaines …



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