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Les Monges




Passe ton chemin et ne regarde pas derrière.

- Je ne dois pas être vu ?
- Non, tu ne dois pas voir.
- Parce que toi, tu as vu ?
- Oui.
- Des choses terribles ?
- Non. Difficiles. Je ne sais pas …
- Des choses que tu n'aurais pas dû voir ?
- Ne me regarde pas comme ça, tu m'as déjà mis sur la photo.




J'étais novice quand on m'a imposé la responsabilité de l'office. Le supérieur m'avait encouragé à être devant la chaire pendant le sermon.
Pourtant, je me suis toujours senti mal à l'aise à cet endroit-là.

Le moine terminait sa prédication lorsqu'un bruit assourdissant se fit entendre et déclencha une panique générale parmi les novices et les abbés.

La foudre était tombée sur le chœur.

Je voyais l'embrasement des poutres. Mes compagnons courraient vers la porte et criaient.

Je suis resté avec le principal, épouvantés par le spectacle : la toiture disparaissait dans un nuage de fumée.

Je me suis perché dans la chaire et j'ai prononcé le discours de l'ultime, celui que personne ne pourrait jamais entendre.

Et j'ai chanté.
Le Sanctus grégorien, je l'ai chanté de toute ma force et toute ma réalité.

Dans le crépitement des flammes dévorantes, je me suis donné à ce dieu que je ne connaissais pas.




Moi, je priais. Je priais vers ce ciel qui ne nous reconnaissait pas. Je priais pour la vie, la vie que j'entendais s'époumoner.

Je priais pour l'espoir. Pour ces jeunes années d'amour qui s'éteignaient dans le désespoir.

Où donc était ce que nous appelions « Dieu » ?



Je pleure aujourd'hui tes mots qui nous rassemblent. Il semblerait que Dieu ait bien déserté la Clape entre les monts Corbières et la Montagne noire.





Tu m'obliges à te dire ce que je tais.
J'aimerais voir ce lieu habité de nouveaux élans spirituels.
J'aimerais entendre le chant des étoiles.

Tu m'appelles Pin de l'abbaye des Monges
Expercennius




Expercennius est le nom de l'énergie de l'arbre-âme (en arrière sur la photo) au moment de la conversation. Expercennius et Bouddha sont les deux énergies élevées citées par l'histoire.


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Mon bel oranger ...

  C’est l’histoire d’un arbre. Un oranger venu de loin, d’un pays du soleil, Maghreb oblige. Un oranger éclatant de promesses. Des fruits gonflés d’incertaines ivresses A murmurer dans la tiédeur de la nuit. L’oranger des espoirs de mon adolescence. Mon père me l’avait offert pour mes 15 ou 16 ans, saluant par là-même mes premiers choix. Où les rêves d’enfant ne se mêlent plus trop au monde des adultes, pour le meilleur comme pour le pire ! En ces temps-là, mon père et moi formions à nous deux mon unique famille, ma mère nous ayant quittés depuis longtemps, mes frère et sœur jumeaux avaient emboité le pas. - Et le petit dernier ? - Lui ? Il avait été dès son plus jeune âge chez une nourrice de lait issue de la famille de ma mère. Si ces lignes se sont dressées sur la page vierge de mon cahier à spirales, c’est à la suite d’une scène qui m’a été donnée il y a à peine quelques heures.   Puis mon père s’en est allé aussi. Dans l’enfer de la torpeur, il a décidé un bo