Je suis tout nu. Au secours.
J'ai été dénudé par un typhon. La grêle est sur moi, je ne sens plus mes branches. Je grelotte. Aide-moi.
(Empathie)
(www.rando83.fr/htm/flora.html)
J'avais planté mes racines au coin du bois là-bas, puis je me suis rapproché des autres pareils à moi.
Je désirais des amis et je pensais qu'ainsi je serais entouré.
Un vent mauvais est venu déraciner mes amis et je suis resté seul avec mes souvenirs.
Ils étaient nombreux pourtant, forts et droits. La cîme haute
- et altière
- Tu as raison, nous étions fiers de ce que nous croyions être ; maintenant que puis-je faire ?
- Sais-tu quel genre d'arbre tu es ?
- Un chêne liège.
- Eh bien cache-toi au mieux derrière les buissons d'épineux.
Le sol blanc est jonché de glands dorés. Certains se préparent à germer. D'autres sont déjà en terre, de longues tiges feuillues habitent la terre de sable tout autour de toi. Ce sont tes amis, d'un autre âge.
Ils se sont multipliés. Tu ne pouvais les voir auparavant.
Aujourd'hui, regarde, ils te suivent vers les hauteurs célestes. leurs racines ont déjà apprivoisé l'aridité sèche du pays. Donne-leur un peu de temps et enseigne-les de tes expériences.
C'est toi qu'ils attendent avant de voyager plus loin.
- Ne crois-tu pas qu'ils se moquent de moi ?
- Et toi, te moques-tu de toi ?
- Non. Je suis blessé et j'en souffre.
- Dis-leur ta blessure et cicatrice sera.
Dis-leur ton chemin pour connaître leurs aïeux, ton courage, ta ténacité, ton rêve de fraternité exaucé.
Dis-leur que tu les voient fragiles à tes pieds. Que tu prendras soin d'eux.
Se moqueront-ils de tes mots d'amour ?
Je ne dis pas ce que tu attendais ...
Tu voulais que je parle de tes amis disparus ?
- Oui.
Je ne sais pas.
Ils me manquent.
- Ils sont pourtant là dans les jeunes pousses.
- Je sais.
- Le vent n'a pas compris non plus l'absence de ses camarades de jeux. Il s'en est pris à toi.
Et toi, tu souffres de la séparation d'avec eux.
Appelle-les. Le vent comprendra enfin sa méprise. Il se souviendra. Il te répondra pour eux.
Tu en as assez. Ce n'est toujours pas ce que tu attends. Alors qu'attends-tu ?
- De pleurer.
Je t'aime.
Nos larmes se mêlent à la pluie chaude qui passe. Et abreuvent la terre.
Des champs de ruines s'échappe l'arc-en-ciel.
Panacée / Ymir
Afrique de l'ouest, Mauritanie
Afrique de l'ouest, Mauritanie
Autour de l'année 2000
(J'appelle les arbres dans les années 2000.)
Ce que j'entends, l'entends-tu ?
C'est un murmure, une respiration.
"mm mm mm mm ..."
Nous nous sommes endormis d'un long long sommeil, proche de l'éternité. Nous sommes toujours en groupe. Et nous veillons.
Nous veillons sur la forêt.
Nous te saluons, notre frère d'âme et ami de toujours.
Nous veillons.
Sèche tes pleurs et reprends goût aux saisons. Epenche tes branches vers les futurs arbres et chuchote-leur notre histoire.
Nous vous aimons, toi et elle.
(Amour)
Merci.
Commentaires
Enregistrer un commentaire