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Wani au bord de la rivière Siem Reap


Wani, l'arbre-âme et Bouddha (tibétain), l'enfant, se souviennent de l'année 1983 à Siem Reap au bord de la rivière du même nom. Cambodge.



Je suis là sur la photographie délavée de chaleur. Je me porte bien lorsque je vois les enfants chahuter dans mes branches, et rire. Ils sont espiègles, je les envie.

Lors de leur promenade, les passants s’arrêtent sous mes feuillages faisant ombrelle. 


Fraîche est la nuit à Siem Reap temples d’Angkor


- quand les étoiles brodent dans le ciel les figures aux noms d’animaux.
-  Fraîche est la nuit de l’histoire des dieux.

Tu me comprends. Je te connais. Nous sommes faits pour aller vers de nouveaux chemins et nous retrouver aux débuts des livres de nos vies.
Je suis ta mère d’il y a longtemps. Je suis ton père, ton frère … 


-  Tu es tout cela à mes oreilles d’enfant. Et bien plus encore. Aujourd’hui.

Tu es la fraîcheur du refuge et la joie des plus jeunes. Tu es la focale de mon appareil photo gommant de ta simple grâce les audaces trop proches.

-  Oui, je suis gracieux et léger à tes yeux ; j’ai pourtant subi les cris de luttes 

-  ... sanglantes

-  Arrête de me couper la parole et de dire ma pensée !
... les cris de luttes sanguinaires. 

-  Tu as recueilli les sanglots des femmes et les gémissements des hommes. Pourquoi ? 



-  J’étais jeune à l’époque : je n’ai pas bien compris. J’ai les sons dans ma mémoire, les images de mort …,
-  ... l’odeur de la torture.

-  Tu étais là ? 
-  Pas loin sans doute. J’ai été retrouvé près de la rivière au milieu des miens. Ils étaient nus.

-  Tu veux t’arrêter ? 
Non. 
-  Je veux t’aider.


Moi aussi j’ai vu des ombres nues à mes racines, décharnées par le soleil de juillet 
-  Des ombres humaines dénudées par le jour faces contre terre. 


Ne plus bouger me disais-je quand ils sont arrivés. Ils étaient trois ou plus, ils parlaient ma langue. 
Trois taches d’orange mêlées, trois ou plus.

Ils m’ont tendu la main 

- et t’ont pris dans leurs bras. Je les connaissais. Ils dormaient au wat Bo et venaient souvent jusqu’ici 

-  pour se reposer des horreurs de la guerre. Ils devaient te savoir à l’écoute des mots de compassion. 

-  Oui, de la compassion, j’en ai, mais toi aussi on m’a dit. 
-  Peut-être est-ce pour cela que nous nous rencontrons ainsi dans tant de nos vies.

-  Peut-être … 
Nous nous aimons.



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