Dis, quand
reviendras-tu ?
Dis, au moins le
sais-tu ?
Je cherche ce qui m’a amenée ici, allée Giacometti.
Je scrute un horizon que de vert vêtu. J’ai l’impression étrange d’être
transportée dans un ailleurs, loin de la cité, loin du quotidien, des voitures
et du bruit citadin. La conversation que je viens d’avoir avec ma mère me
rappelant un de mes premiers sites sur le net, Conversations avec les
arbres-âme, coïncidence frappante à se retrouver devant un spectacle tout
de mouvements, des arbres se déhanchant, s’étirant.
Des arbres qu'un chemin sépare ... si peu ! Seuls les troncs se
disjoignent presque volontairement. Les branches se moquent des aventures
d’autrefois et jouent à se mêler dans un ciel toujours accueillant leur ramage.
Il est loin le temps des amours nobles entre feuillage de l’un et branchage
de l’autre. Entre pitié et réconciliations ou mieux entre hasards et
certitudes.
- Nous étions quatre ou cinq (je ne vois
pas le cinquième) à ne pas savoir pourquoi la Terre tournait, tourne
Encore et toujours !
Nous étions deux à comprendre pourtant
qu’il n’y avait pas si longtemps, les hommes connaissaient les préceptes
reliant la Terre aux autres astres. Et cela était bien dommageable car ni lui,
ni moi ne pouvions l’insinuer à nos camarades, qu’ils soient deux ou trois.
Cependant nous ne comprenions que très peu
le langage de la planète Terre et de ses amis.
- Et les hommes, n’ont-ils jamais compris le langage des planètes ?
- Oh si, mais il y a si longtemps qu’ils ont fini par oublier … Tout s’oublie, tout peut s’oublier. C’est pour ça qu’on a inventé l’écriture.
Enfin, il fallut patience et temps pour dissuader les rejetons de dispenser à longueur de journées des pensées peu valorisantes pour l'univers dans son entier.
- Bouleversée par une émotion de la nuit des temps. Quelque chose s’est
passé ici.
Quelque chose qui a laissé des traces
toujours présentes aujourd’hui.
- Et tu disais ne plus pouvoir t’indigner,
te révolter …
Car c’est de révolte qu’il s’agit. Pas un petit pet de travers, mais le bouleversement d’une, voire de nombreuses vies. Des vies à l’abandon d’elles-mêmes prises en étau entre des alternatives inacceptables.
Et surtout indéfendables.
Tu as gagné la lutte mais à quel
prix ? De ta vie en tout cas et de celle de tes enfants, celle de tes
proches, aimés dans la tendresse de vos rapprochements.
- J’en tremble encore.
- Et ce n’est pas tout. Tu as osé désobéir
à la loi promulguée et ainsi t’es mise dans une situation de détresse,
A tout jamais.
A jamais !
- Que s’est-il passé ? Que se pasa ?
- En Espagne justement, tu as désobéi, à
plusieurs reprises. Tu as bafoué l’ordre en place et tu as convaincu bon nombre
de ne pas aller aux urnes, indispensable pour instaurer la dictature envisagée
par un parti qui s’opposait à tes idées démocratiques.
- Les arbres tourmentés de l’allée Giacometti. Dis, ce sont eux qui se sont
opposés ?
- Non, eux, ce sont ta famille ; ils
sont, de loin ou de près, en relation avec la chanson de Barbara qui t’émeut
tant et que j’avais placée en ritournelle dans ta tête hier.
Dis, quand reviendras-tu ?
Dis, au moins le sais-tu ? …
un refrain qui m’a fait penser aux bateaux qui au loin dérivent de port en
port jusqu’à revenir ou pas à leur attache familiale. Timoniers et autres
marins pas toujours au rendez-vous de leurs amours en attente. La faute à
qui ? à la vie, à la mort, la malchance ou l’alcool.
Lui, celui que Barbara attendait, en vain, je le vois dans la rue noire
d’un grand port où tous les marins se connaissent du regard ou de la parole ...
- où les marins se rassemblent un peu
comme à la messe le dimanche.
- Les bars débordent de rires et de mots outranciers, de filles et de
bonnets.
Parfois la bagarre est dans la rue.
- C’est là que notre homme a trouvé sa fin, légitime certes, mais inavouable : il venait de voler. Voler une princesse à son homme ! Et la princesse, c’était toi, aussi !
(fin 1ère partie)
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